Ahuy est un village à la lisière de Dijon, un petit village souvent traversé par Robert Milin pour accéder à la forêt. Un jour les vergers ont commencé à disparaître et des maisons à apparaître… de nombreuses maisons qui se ressemblaient et se juxtaposaient.
Face à cette transformation bouleversant le village, Robert Milin est allé arpenter le nouveau quartier encore en chantier. Avec un appareil photo, un carnet, un crayon il est allé rencontrer les habitants. Que se passe t il ici ? Comment se loge-t-on aujourd’hui ? Comment habite t on aujourd’hui un espace? Comment un quartier entier peut-il apparaître dans un si petit village ?
Depuis 2022, Robert rencontre les habitants, discute, prend des notes et des photographies. Au printemps au moment de la fête des voisins il organise avec la mairie un moment de rencontre autour d’une action artistique : des photographies sont contrecollées sur des panneaux en bois, eux-mêmes fixés sur des piquets. Avec l’aide d’un groupe de bricoleurs d'Ahuy, Robert Milin plante ces piquets en reprenant la forme du quartier. A l’intérieur de cette forme il y a une table, chacun apporte quelque chose à partager. Tous les habitants sont invités, le maire est présent.
Les gens viennent, regardent les photographies, mangent, posent des questions et se rencontrent sur un espace qu'ils partagent.
Delphine Suchecki Milin
_______________
Les jardins de l'Engrenage
Robert Milin, oeuvre sonore, 2022
Il y a eu le confinement et l’interdiction de se déplacer loin de chez soi. Il restait alors à découvrir en marchant les quartiers autour de chez soi hors des trajets habituels. C’est ainsi que Robert Milin a découvert Les Jardins de l’Engrenage et toutes ces personnes en lutte pour préserver du vivant dans la ville
Il a commencé à venir régulièrement pour une plantation collective, un nettoyage, un arrosage collectif, une réunion, une vente de légumes, un repas, une discussion.
Avec son micro il a peu à peu enregistré les sons qui habitaient ces jardins et aussi les discussions avec ces militants, des habitants et les oiseaux qui discutaient… Delphine Suchecki
A écouter en podcast ici: https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-experience/le-jardin-de-l-engrenage-4416321
_________________________________
Ouvrir le ciel
Robert Milin, Commande publique, le Petit-Nanterre, Nanterre, 2021
10 enseignes lumineuses en aluminium et polycarbonate. Dimensions: 100 x 30 cm
Témoins discrets des liens que l’artiste a tissé avec le Petit-Nanterre, dix enseignes jalonnent le quartier reprenant des phrases entendues par Robert Milin, lors de conversations avec les habitants.
Récits non préparés par les locuteurs, décrivant des situations dans l’ordinaire de la vie, ces paroles vibrent de souvenirs, de tourments et de promesses. « Ouvrir le ciel » est une traversée du quartier à travers l’expérience et le regard de celles et ceux qui le font vivre.
__________________________________________________________________
Un Portail à Laveissière, rencontre avec Odette dans le Cantal
Oeuvre sonore et photographique, Robert Milin, 2021
Robert peint, photographie, 20021, Robert Milin
La cuisine chez Odette, photographie, 2021, Robert Milin
"Alors que je marchais sur un chemin de randonnée dans le Cantal, j’ai traversé le petit hameau de Laveyssière situé sur la commune de Marcolès.
Je me suis arrêté pour regarder une petite maison revêtue d’un crépi blanc un peu défraîchi. Ce n’était pas une bâtisse ancienne, en pierres traditionnelles, mais une simple maison des années soixante. Elle était entourée d’un vaste jardin et de dépendances. L’ensemble était enclos par une haie de buis. Un portail en bois usé, ouvrait sur un court chemin menant à la maison.
Une dame déjà âgée, vêtue d’une blouse à motifs fleuris, arriva vers moi et une conversation s’est engagée.
Elle se fait appeler Dédée, mais son prénom c’est Odette. La bâtisse c’est sa maison, construite à la fin des années soixante par elle et son mari, Antoine, aujourd’hui décédé.
Elle vit seule, ici, depuis 4 ans. Le village où faire les courses est à 3 km. Elle n’a pas de voiture. Elle ressent la solitude.
Quelques jours plus tard, je suis revenu. J’ai proposé à Odette de repeindre son portail. Elle a accepté.
Je me suis rendu à Laveyssière, à plusieurs reprises, sur une durée de 2
ans, muni de brosses métalliques, de pinceaux, de peinture. J’avais
aussi mon enregistreur-audio et un appareil de photos. Des conversations
se sont engagées avec Dédée, mais aussi avec des voisins, des
passants…" Robert Milin
Oeuvre disponible ici: https://www.franceculture.fr/emissions/lexperience/un-portail-a-laveissiere
__________________________________________________________________
L'Atelier de l'Office a 28 ans!
Ensemble de 26 photographies sur Dibond et un texte sur Dibond, Robert Milin, 2021
Détail, L'Atelier de l'Office a 28 ans!, Robert Milin, 2021
Détail, L'Atelier de l'Office a 28 ans!, Robert Milin, 2021
L’atelier de l’Office a 28 ans!
En 1993 j’ai réalisé une oeuvre à partir d’actions d’employés de l’Office HLM d’Ivry-Sur-Seine, de peinture sur bâtiments, de photographies, de textes empruntés aux salariés, choisis par moi, transférés par sérigraphies sur plaques d’acier émaillé et porcelaines. Une installation permanente, in situ, est venue conclure cette démarche dans l’atelier de l’office HLM, au 15 rue Raspail de ladite ville.
Je me suis intéressé à la manière qu’avaient les personnels d’habiter ces lieux à la façon de badigeonner de vert ou de jaune, certaines portes de leur environnement de travail, c’étaient des pigments disponibles en provenance de l’excédent des chantiers d’une autre mission. Ensuite j’ai apposé sur le cadre bâti, des photos et des textes, trouvés dans les tiroirs des secrétaires ou dans les casiers des ouvriers, avec leur accord et après rencontres.
Ce qui m’intéressait c’était de savoir comment les personnes pouvaient apparaître, au delà des statuts, comment le privé pouvait se manifester dans le public. J’avais senti un désir plus ou moins conscient de lutter contre la tristesse des lieux, de se donner un cadre de travail plus joyeux, sans décision supérieure.
Six années plus tard, alors que certaines photos, simplement plastifiées s’étaient dégradées, j’ai eu la bonne surprise de constater que des ouvriers et des employé s’étaient mobilisés pour trouver les fonds permettant de changer la plus grande image, celle des Deux potes qui surplombe la cour et se voit depuis la rue. Je l’ai rénovée sur un support en acier émaillé.
L’ensemble est en place depuis bientôt 28 ans.
Robert Milin, février 2021
__________________________________________________________________
Cleunay: ses gens a 20 ans!
Ensemble de 30 photographies sur Dibond et un texte sur Dibond, Robert Milin, 2020
Détails, Cleunay:ses gens a 20 ans!, Robert Milin, 2020
Cleunay:ses gens (1999) démontée par les agents de la ville
Cleunay est le nom d’un quartier de Rennes qui accueillit en 1950, une cité d’urgence voulue par l’Abbé Pierre. Pour les Rennais du centre ville il en résulta longtemps une image négative. Pour les « Cleunaysiens » vivre à Cleunay, c’était se faire respecter, obtenir des abris-bus, un bureau de poste, des terrains de sport, un centre social; c’était, dans les années soixante, vivre au coeur d’une communauté associative et militante. En 1998 la ville de Rennes m’a invité à y réaliser une oeuvre. J’y ai installé Cleunay ses gens, qui prend la forme de 9 grands panneaux en aluminium jalonnant deux boulevards constituant un axe de circulation très fréquenté. Ils étaient la réplique des panneaux d’animation paysagère que l’on trouve généralement au bord des autoroutes. C’est la forme qu’utilise le pouvoir technico-politique quand il invite les gens à regarder un paysage considéré par lui comme « remarquable ». Ce pourrait être par exemple « Rennes: son parlement de Bretagne » et l’on verrait alors une image de ce monument prestigieux du centre ville. Quant à moi, j’ai pensé qu’il n’y avait que peu à voir ici à Cleunay mais que tout y était à éprouver et à vivre. Aussi mes panneaux sont venus désigner des habitants ordinaires et des lieux de Cleunay. Je les ai réalisés d’après des documents recueillis auprès des gens, de ceux qui ont lutté pour une vie meilleure. Il y a un texte sous chaque image, désignant une ou plusieurs personnes par leur prénom. Ces prénoms ont été choisis parmi la moyenne des prénoms des personnes rencontrées dans le quartier. J’ai essayé, à ma façon de monumentaliser des formes de vies ordinaires. Cette oeuvre devait durer contractuellement 10 ans. La ville de Rennes l’a laissée vivre 20 ans. Compte tenu de sa dégradation progressive, il a été décidé de la démonter. Le présent ensemble de 30 photographies présentées en un tableau-séquentiel, vient rendre compte du processus de naissance et de vie de cette oeuvre publique.
Robert Milin