Journées à Gagarine (oeuvre en cours)
Robert Milin a découvert le quartier
Gagarine d’Ivry sur Seine au
printemps 2017. Depuis il est venu pendant plusieurs séjours étalés sur une
année, à la rencontre d’habitants, de commerçants, d’associations dans ce
quartier des années 60, enclavé au centre ville d‘Ivry et faisant l’objet d’un
programme de démolition partielle en vue d’une rénovation urbaine.
Il a pris des notes d’entretiens
avec des habitants puis réalisé des photographies argentiques de résidents et
de lieux avec un appareil moyen format supposant des temps longs d’approches et
de réglages. Il a en outre collecté des discours d’experts administratifs sur
le quartier, comme également des documents et photographies aux archives
municipales.
Cette œuvre est désormais constituée
d’un corpus comprenant des tirages argentiques de photographies prises par lui,
mais aussi des impressions sur le même papier argentique de petits textes-bribes
de conversations. Il s’agit d’extraits de paroles d’habitants, comme de
rapports d’experts en aménagement urbains. Il les a uniformisés formellement en
choisissant de réaliser 40 tirages photographiques et impressions sur Dibond,
tous de même format, avec le même papier. Il a décidé de les disposer par
ensemble de 4 ou 6 éléments, comme plusieurs points de vue sur un
questionnement relatif au quartier Gagarine.
Une photographie géante et un
extrait de discours de Youri Gagarine, transposés sur un immense papier peint, mais
aussi deux aquarelles comme des notations en dessin, viennent ponctuer l’accrochage
photographique et textuel, élargissant ce regard entre réalisme, utopie
et poésie.
Robert Milin & Delphine Suchecki janvier 2019
Saint-Carré a 27 ans
- Robert Milin, ensemble de 45 photographies et un texte (tirage lambda sur Dibond) , 2018-
Panneau d'ensemble de l'oeuvre Saint-Carré a 27 ans, 2018
Détail, Saint-Carré a 27 ans, 2018
Détail, Saint-Carré a 27 ans, 2018
Saint-Carré est un hameau de la commune de Lanvellec dans les Côtes d’Armor. Il y a là un petit bar-épicerie, des maisons de granit agglutinées autour de la chapelle, des granges, une place, des tracteurs qui passent.
En 1991, je suis allé voir le maire pour lui proposer de réaliser une œuvre in situ dans ce hameau de Saint-Carré. Il a accepté mon idée.
J’ai passé du temps avec les habitants: parler, expliquer, boire le café avec eux.
Je leur ai emprunté des photos de famille, de celles qui me paraissaient révélatrices, non pas de l’histoire de ce village, mais de l’idée que je me faisais d’une communauté mise en crise par la modernité.
Ces photos, je les ai transposées, en les recadrant très peu, par sérigraphie sur des panneaux d’acier émaillé ou sur des plaques en porcelaine.
On a tout installé, des habitants volontaires et moi, sur des portes de granges, des murs, sur un hangar, le long d’un chemin, dans une cour, sur une voie départementale, dans l’herbe près d’une source.
L’œuvre n’est pas dans les photos, mais dans le rapport entre les photos, les gens et le lieu. Cette installation permanente est en mouvement, parfois les gens déplacent les photographies. Cela dure depuis 28 ans.
Robert Milin mars 2019
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Le Jardin aux habitants a 15 ans
- Robert Milin, ensemble
de 35 photographies (tirage lambda sur Dibond) -
Panneau d'ensemble de l'oeuvre Le Jardin aux Habitants a 15 ans, 2018
Aquarelle fondatrice du Jardin aux habitants, Dibond
Détail, Le Jardin aux Habitants a 15 ans, 2018
Le Jardin aux Habitants a 15 ans.
Depuis quinze ans l’œuvre Jardin
aux Habitants fonctionne et perdure. Robert Milin y vient
régulièrement. Il peut rester aussi de longs mois sans venir et pourtant tout
continue. En imaginant ce projet, Milin ne cherchait spécialement à créer du
lien social même si, par essence, cet aspect est toujours un peu là au travers
des formes de participation. Il se trouve qu’ici, dans ce jardin en contrebas
du Palais de Tokyo, s’est constituée une forme de communauté. Les différentes
personnes parties au projet interagissent. Elles ne s’enferment pas dans un
rapport individuel à leur parcelle. Voulue par Milin, il y a tout d’abord la
mutualisation des outils, avec ces espaces-cabanes conçus, construits, aménagés
et peints avec les gens, dans des chantiers communs, ceci dès l’origine du
projet. Petit à petit des rituels se sont mis en place. Il y a bien sûr les
Assemblées Générales réglementaires, mais aussi, tous les ans en janvier
« la galette du Jardin », en juin « le barbecue du jardin »
et début décembre « le repas de Noël ».
Il faut donc analyser le panneau de 35 photographies, non pas comme la trace de ce qui a été, mais plutôt comme un regard
sur ce qui se construit, jour après jour et ceci depuis quinze ans dans un mouvement
de l’œuvre.
Depuis les premières esquisses faites à
l’aquarelle en 2001, des photographies, des vidéos, se sont accumulées. Il y a
ici bien sûr une sélection et une forme de montage dans la présentation de ce
panneau. Il tente simplement de rendre compte de ce processus à la fois
permanent et en mouvement qui donne vie à cette oeuvre.
Mars 2018, Delphine Suchecki.
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Jafer (2018)
Jafer, oeuvre sonore, 59 min, 2018
« Ô chante Ulysse /
chante tes voyages / Raconte où tu es allé / Raconte ce que tu as vu / Et
raconte l’histoire de l’homme qui n’a jamais voulu quitter sa maison / qui
était heureux et vivait parmi ceux qu’il connaissait et qui parlait leur langue
/ Chante comment il fut alors jeté à
travers le monde».
Jonas Mekas commence son journal filmé
Lost Lost Lost avec ces mots, il nous y parle au présent de son expérience de
l’exil.
Débuter Jafer avec un extrait de l’Odyssée c’est à la fois enraciner cette
œuvre dans un des récits fondateurs sur l’exil et c’est aussi une pensée pour
Jonas Mekas, un second enracinement dans une des plus belles œuvres du cinéma
contemporain consacrée au déracinement.
En 2014, différentes rencontres ont mené
Robert Milin dans un café social, installé au rez de chaussée d’un foyer
d’accueil de vieux immigrés et de jeunes migrants dans la banlieue parisienne.
Des conversations ont commencé et le désir d’une œuvre aussi.
Pendant trois ans, Robert Milin a poursuivi
les rencontres tout en prenant de temps à autre un peu de recul avec la lecture les livres
remarquables de Michel Agier et de Marc Bernardot. Puis, il revenait à nouveau
dans les couloirs, les halls, les chambres, les escaliers de ces lieux
d’accueil. Il accompagnait aussi Jafer et les autres dans un café, sur un
marché, dans une boutique ou bien chez eux pour un thé, un café ou simplement
une conversation.
Peu à peu, il a enregistré beaucoup de
sonorités trouvées dans ces lieux produisant une œuvre sonore impressionniste
où viennent se loger des bribes de récits, des chants, des lectures de
règlements administratifs, des extraits de l’Odyssée d’Homère.
Delphine Suchecki, mars 2018
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Les Silences, Portraits de bénévoles exerçant dans la ville de Nanterre (2017)
Les
Silences, Portraits de bénévoles exerçant dans la ville de
Nanterre, vidéo, 4 min 55, 2017
Invité en
résidence d’artiste par la ville de Nanterre, Robert Milin a rencontré de
nombreuses personnes actives dans le monde social et associatif. Il a
décidé de réaliser un portrait de groupe par la vidéo et le son. Les militants
apparaissent l’un après l’autre assis derrière une table face à la caméra. Une voix extérieure vient se superposer aux
images ; elle prononce des phrases collectées lors des rencontres
préalables avec ces personnes-modèles.
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J'étais jeune, j'avais quatorze ans j'étais berger (2017)
J'étais jeune, j'avais quatorze ans, j'étais berger, Robert Milin, 2017, oeuvre vidéo et sonore, 30 min
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Des Reflets Emeraude sur la Marne (2017)
Commande du Conseil départemental du Val-de-Marne
au titre du 1% artistique
Collège Lucie Aubrac Champigny sur Marne
Installation in situ de caissons lumineux, phrases
Texte en cours
En savoir plus ICI
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Rapporte moi la petite robe (2016)
Rapporte-moi la petite robe.
-« Quand tu reviendras, apporte-moi ma robe jaune, celle que je
portais à la Rochelle. » [1]
Arletty est hospitalisée, pour sa sortie elle souhaite que son mari,
lui apporte sa robe jaune portée à La Rochelle. Jaune et toute empreinte de ses
souvenirs. A Toulouse, Robert Milin a installé six plaques émaillées dans les
couloirs de l’école régionale de santé pour une veste noire, un foulard vert,
une chemisier fleuri, pour du velours, de la viscose ou de la soie, pour des
rayures, des motifs et de la couleur comme autant de robes jaunes. Avec l’aide de Christine Cuq[2],
il a pu passer quelques jours au CHU du Purpan à Toulouse. Comme pour toutes
ses œuvres le projet est un va et vient
entre une idée, une réalité, des rencontres et des expériences. Il voulait
partir de l’idée du patient[3]
comme objet de soin. Au CHU, il a
rencontré des soignants et des soignés, leur a expliqué son projet d’œuvre.
Dans les chambres où le patient n’est souvent
qu’un corps malade il reste néanmoins deux petites niches où la personnalité de
chacun peut apparaître : la salle de bain où sur une étagère on peut
déposer un petit flacon de parfum, un bracelet, un peigne, un bijou, un rasoir
et la penderie où sont suspendus quelques vêtements en attente du retour chez
soi.
Plusieurs réalités se juxtaposent, chacun
ayant sa propre expérience de la situation. Le médecin, l’infirmière, l’aide
soignante, la sage-femme, le personnel administratif, le patient. Dans cette
relation beaucoup d’éléments sont objectivés à travers des analyses, des
mesures, des comparaisons mais la maîtrise de tout cela est réservée à la
médecine concentrée sur la maladie, la blessure. Rien ni personne ne vient
mesurer la peur, la douleur, la joie, la solitude, la pudeur.
Robert Milin voulait donc à travers des images redonner une présence,
une certaine visibilité à toutes ces personnes. Oublier l’objectivité de la
médecine et de ses protocoles pour basculer vers les subjectivités de
patients. Ne voulant pas photographier
directement des visages ou des corps il
a choisi de travailler sur ces chemisiers, ces vestes, ces robes, ces
foulards, ces pantalons. Ces vêtements ce sont des mises en scène de soi :
je me sens beau, je me sens belle, je me sens à l’aise, je me sens fort… Ce
sont aussi des souvenirs d’une robe portée à la Rochelle, d’un chemisier reçu à
Noël, d’un pull acheté ensemble rue de Siam. A l’hôpital tous les patients
portent une même blouse purement fonctionnelle passant imperturbablement et
inlassablement de patient en patient.
Robert Milin a donc commencé à photographier les vêtements dans les
penderies pour tout ce qu’ils incarnent de subjectif, de choix, de vécus. Ne
voulant pas s’attacher seulement au motif ou à la couleur il a pris soin de
garder un certain contexte. Le cadrage est ici un découpage qui soustrait le
contexte hospitalier mais qui nous présente un vêtement en attente, sur un cintre
ou bien une porte légèrement entrouverte.
Delphine
Suchecki
[1] dit Arletty dans Le Havre, un film d’Aki Kaurismaki.
[2] Christine Cuq, attachée culturelle, CHU Purpan
[3] Empr. au lat. patiens «qui
supporte, endurant», part. prés. adjectivé de patior «souffrir,
supporter, endurer».
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Joggers et Jardiniers (2015)
Joggers et Jardiniers, Robert Milin, 2015, dessin, vidéo
Invité
en résidence par l’Iselp à Bruxelles, Robert Milin a travaillé dans le Parc
Royal en 2015. Il a rencontré les jardiniers dans les allées du parc mais aussi dans
leur local pour une soupe, un café… Ainsi au milieu d’eux il a commencé à
dessiner des éléments de leur quotidien : un bonnet, une pioche, une brouette…
Puis il a installé sa caméra dans une allée du parc pour filmer tous les
joggers qui investissent massivement les lieux le temps du déjeuner.
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Une Soupe en Automne (2015)
Une soupe en automne, Robert Milin, 2015, vidéo full HD, 4 min 18 sec
Invité en résidence d’artiste à La Cuisine, Robert Milin a demandé à
onze habitants de Tarn et Garonne de participer à son portrait de groupe Une Soupe en automne.
Poursuivant son idée de « portrait
assisté » l’artiste a proposé à ces Tarn-et-Garonnais de performer leur
propre rôle à l’instar des éleveurs de brebis du Quercy ou des Contrôleurs de
la SNCF dans des œuvres précédentes. Ils les a filmés à leur domicile mangeant
leur soupe d’automne à table. Ce
qui intéresse Robert Milin c’est à la fois une réflexion sur la solitude dans le groupe à travers l’acte quotidien et
répétitif du repas, mais aussi, les
postures corporelles, les gestes, les vêtements, les objets, les sonorités des corps, des lieux,
tous ces indices d’une époque et d’espaces
de vies diversifiés, mais unifiés par l'agencement des prises de vues, de son
et du montage. C’est aussi l’idée d’un portrait de groupe où les personnes apparaissent dans leur
singularité.
Delphine Suchecki
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Parler aux bêtes (2014)
Pour en savoir plus sur l'oeuvre: http://milinrobert.blogspot.fr/p/textes-texts.html
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Portrait du Docteur Colin et de ses deux enfants (2012)
Extrait vidéo
Vidéo full HD, durée 3 min 59 sec, installation d’une table et deux chaises, 2012
Le docteur Colin m’a
demandé de réaliser son portrait avec ses deux enfants. Je voulais dépasser la
simple représentation physique et mettre l’individu aux prises avec une
activité que j’aurais antérieurement pensée. Après avoir passé du temps
avec eux, j’ai choisi l'espace et le temps du repas, moment où la famille
se retrouve. Ici le docteur Colin mange de la salade, à table, avec ses deux
enfants.
Ici j’ai choisi un fond
neutre de couleur noir; j’ai aménagé mon petit studio dans leur salle à manger,
je leur ai donné très peu d’indications, l’image est prise en plan fixe.
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Invité à vivre dans le quartier
Saint-Rémy, à Saint-Denis (93), le temps d’une résidence artistique, Robert Milin a choisi, dans un
premier temps, de travailler sur le paysage. Il n’aborde pas ce
genre de l’histoire de l’art par la représentation mais par le biais de
l’évocation: le paysage sans image, par les pensées et les mots.
Une Alouette de Pologne est une sculpture, un volume physique et
sonore, dans lequel nous sommes invités à pénétrer. Elle prend place dans une
pièce de l’appartement-résidence, où séjourne l’artiste.
Située dans la seconde chambre, à
droite, derrière le rideau, cette sculpture apparaît comme un abri constitué de
rouleaux en carton. Cet espace est à la fois rude par la simplicité un peu
rustique de ses matériaux, mais aussi chaleureux par sa capacité à nous
envelopper. La construction repose sur une forme de bricolage léger et précis.
Proche du bricoleur soigneux, Robert Milin évite une esthétique trop lisse et
clinquante, tout comme la disgrâce d’un bricolage grossier.
En franchissant le rideau nous
basculons dans un autre lieu. Les rouleaux de carton ondulé, la toile de jute
et la moquette, créent un nouvel espace clos et nous isolent le temps de
l’œuvre.
Une Alouette de Pologne n’offre au public
aucune position d’extériorité. Ici encore, comme souvent, le travail de Robert
Milin ne se contemple pas.
Dans le creux de cet abri, des
voix, des paroles, se déroulent, se succèdent et se complètent. Ces voix, ce
sont celles d’habitants rencontrés depuis quelques mois dans le quartier Saint-Rémy. Dans ces mots, tout un monde
à la fois réel et abstrait se loge et se déploie nous emmenant parfois au loin.
Des fruits d’un verger normand au vol d’une alouette, toutes ces images et
pensées sont personnelles et pourtant si semblables dans leur capacité d’un
apaisement trouvé. D’un nouvel espace physique nous basculons vers un espace
poétique. Il est peu habité, si ce n’est
de sensations furtives laissant toute la place à notre imaginaire.
Delphine Suchecki
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Jérémy se sentait devenir transparent (2010)
Extrait Vidéo
Un premier
plan montre un sol jonché de papiers blanc en face d’une usine. Le bruit
d’un moteur s’enclenche et perturbe cette image, évoquant les traces d’un
rassemblement.
Ici ce
serait l’après, sans les corps, mais avec ces papiers retombés, pêle-mêle, sens
dessus dessous.
Puis ces
feuillets blancs sont réactivés dans un souffle, provoqué par une machine à
souffler les feuilles mortes.
Le vent
vient s’y mêler et plaquer ces papiers sur un épais grillage blanc, avant de
les laisser retomber.
Sur chaque
morceau de papier est inscrite une phrase. On peut alors lire Jérémy se sentait
venir transparent, J’ai la hantise d’aller dans les rues de cette petite ville
où je connais tout le monde…
Ces
phrases Robert Milin les a collectées lors de rencontres avec des personnes
souffrant et luttant dans le monde du travail. Ces paroles devenues presque
banales, malgré les situations intolérables, retrouvent une visibilité pour
résister à l’inhumanité de la machine économique.
Delphine
Suchecki
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En Face (2010)
En Face, Collège Nelson Mandela à Plabennec (29), Photographies sérigraphiées sur plaques émaillées, 255 X 127 cm, 2010
Robert Milin est parti de l’idée
qu’aujourd’hui enseigner c’est mettre l’enseignant dans une relation où le
corps a plus que jamais sa place. L’élève ne peut plus être considéré comme un
pur esprit. Si
historiquement l’approche de l’éducation passait par le primat du cogito
cartésien aujourd’hui la dichotomie corps-esprit n’est plus la même.
Robert Milin est allé dans
plusieurs collèges à la rencontre de professeurs, de proviseurs, de conseillers
pédagogiques, de personnels de ménage, de cuisiniers, d’infirmier. Partant de
leur constat, partagé, qu’aujourd’hui ni le statut humain et / ou professionnel
des adultes, ni le savoir ne constituaient symboliquement une barrière
infranchissable il leur a demandé de se souvenir d’une situation illustrant un face
à face dépassant la simple transmission d’un savoir. Milin ne cherchait pas des
situations de crise ni de violence mais plutôt de l’ordinaire dans le temps
présent.
Il a demandé à ces personnes,
comme aux élèves, de rejouer de mémoire la scène d’un face à face voire d’un
« corps à corps » au sein même de l’établissement. Il a ensuite
photographié la situation fictivement reconstituée, d’après un fait réel.
Il a dans un second temps
transféré ces images sur des plaques émaillées ce qui leur donne force et sens.
Ces images, de l’ordre du document, nous renvoient à l’idée du « ça a été » que Roland Barthes a théorisé dans son
livre La chambre claire.
Ces grandes plaques émaillées,
créent des sortes de géants, dépassant l’idée du document. Elles sont apposées
contre les murs du collège, à l’intérieur dans les couloirs. Sur chacune
apparaissent des adultes en relation avec des élèves sans que ces derniers ne
figurent nécessairement. Ces corps nous font face et parfois nous tournent le
dos, les tensions sont tangibles sans que la teneur n’en soit dévoilée.
Delphine Suchecki