L'Atelier de l'Office, oeuvre in situ de Robert Milin depuis 1993 à Ivry-sur-Seine
Ivry-sur-Seine,
1993, Photographies sur porcelaine, photographies plastifiées,
photographies sérigraphiées sur plaque émaillée, textes sérigraphiés sur
plaque émaillée, installation dans espaces d’entreprise, actions
d’ouvriers.
En 1993, après
deux journées de déambulation à Ivry-sur-Seine, j’ai pensé qu’il me
fallait imaginer un projet autour des lieux de travail où exercent de
nombreux ouvriers et techniciens, dans cette banlieue marquée par le
monde du travail.
Mon idée première
était d’intervenir sur ces nombreuses portes d’ateliers donnant sur la
rue. Progressivement, j’ai pensé aller plus loin et intervenir
directement dans l’espace d’une ou de plusieurs entreprises. L’atelier
d’entretien et de rénovation des logements de l’Office départemental des
HLM s’est vite imposé comme un lieu intéressant.
Je me suis
intéressé à la manière qu’avaient ces occupants « d’habiter » ces lieux «
à eux », à leur façon de badigeonner de vert ou de jaune certaines
portes de leur environnement de travail, car cette peinture verte était
disponible, en provenance de l’excédent d’un chantier. Nous avons trouvé
un accord pour rénover l’ensemble de l’espace à partir de ces couleurs
qu’ils avaient sous la main. Il a été convenu, ensuite, que j’apposerais
des photos et des textes, trouvés dans les « tiroirs » des secrétaires
ou dans les casiers des ouvriers (avec leur accord et après rencontres).
Ce qui m’intéressait, c’était de savoir comment les personnes pouvaient
apparaître au-delà des statuts, comment le « privé » pouvait se
manifester dans le « public ». J’avais senti un désir plus ou moins
conscient dans cet atelier de lutter contre la tristesse des lieux, de
se donner un cadre de travail plus joyeux, sans décision patronale
supérieure.
J’ai installé
onze photographies sur émail et porcelaine, et des textes sérigaphiés
sur plaque émaillée dans l’espace de l’atelier de l’Office. Ces textes
proviennent tous des ouvriers et techniciens du lieu. Six années plus
tard, alors que certaines photos simplement plastifiées s’étaient
dégradées, j’ai eu la surprise de constater que l’association des
ouvriers et techniciens s’était mobilisée pour trouver les fonds
permettant de changer une grande photo. Ils l’ont fait refaire en émail
et pour garantir une bonne durabilité à cette œuvre réalisée en commun.